Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 21:12

Avant de commencer cet article je rappelle juste que les usages et les chiffres rapportés dans cet article sont tirés des livres de comptes concernant Lasbordes à Arue qu'ils sont représentatifs de ce qui se pratiquait à cette époque et dans cette "microrégion", mais qu'il peut y avoir de légères différences avec d'autres endroits. Je me suis servi également des comptes d'autres métairies pour vérifier l'exactitude de ce que je lisais quand j'avais un doute.

A la seconde place des productions végétales à Lasbordes, vient le seigle appelé "blat" en gascon, souvent mal traduit par blé. La terre était trop pauvre pour produire du blé (hroment en gascon). D'où l'importance du fumier produit par les moutons, qui servait à amender la terre et autorisait la production de 2 récoltes : seigle et millet. C'est pourquoi à l'entrée d'un métayer ou colon dans une maison, on cubait le fumier laissé par son prédécesseur, et il devait en partant, en laisser la même quantité au suivant.

Cubage du fumier de Lasbordes en 1901. Il semblerait que ce cubage soit effectué par un tiers qui n'est ni le propriétaire ni le métayer sortant, ni l'entrant

Cubage du fumier de Lasbordes en 1901. Il semblerait que ce cubage soit effectué par un tiers qui n'est ni le propriétaire ni le métayer sortant, ni l'entrant

     A la même époque (1904) pour la métairie du sablet à Mauléon d'Armagnac, terroir proche mais beaucoup plus riche, où l'on produisait plus de choses, dont du blé et du maïs on trouve des achats d'engrais :

"acheté 12 balles d'engrais pour le blé 70.80 f"

"6 balles de superphosphates pour le maïs 40.50 f".

A l'opposé on ne trouve pas trace d'achat d'engrais chimiques pour les métairies d'Arue.

     Le seigle était semé en novembre récolté en juillet et battu en août.

Carte postale représentant une scène de battage à Arue au Pas de Géou maison voisine de Lasbordes. On y voit au dernier rang mon arrière-grand-père Izarn Labbé en 5ème position. Il signe également la carte.

Carte postale représentant une scène de battage à Arue au Pas de Géou maison voisine de Lasbordes. On y voit au dernier rang mon arrière-grand-père Izarn Labbé en 5ème position. Il signe également la carte.

     On le  moissonnait à la faucille et on formait des gerbes liées par de la paille de seigle. Ces gerbes étaient regroupées en gerbier qui comportaient 13 gerbes. Un premier décompte était fait en gerbiers et gerbes, puis lors du battage  on comptait les sacs et on effectuait le partage après avoir mis un sac de côté pour le courteillage, sac parfois laissé au colon dans les comptes que nous avons sous les yeux.(voir photo comptes de 1911)

     Il semblerait que le courteillage soit une redevance due par le colon : B. Vigneau dans le "lexique du gascon parlé dans le Bazadais", au mot gascon courtilhatge, évoque une redevance liée au cochon élevé pour son compte par le métayer).

     Lotte Lucas Beyer, qui a étudié notre région dans les années trente nous éclaire sur le droit d'airial et de courteillage. Son témoignage est d'autant plus intéressant qu'elle a visité notre secteur des Petites-Landes et qu'elle y  situe les usages dont elle parle. Concernant ce droit de courteillage elle nous apprend que depuis la fin du XIXème siècle le métayer peut produire pour son compte de la volaille, des cochons etc... Le propriétaire dans son contrat de métayage, est tenu de construire, renover, et refaire les toitures des poulailler, porcheries et  autres bâtiments agricoles. Le courteillage correspondait en fait à une sorte de location de ces bâtiments mis à disposition. Le courteillage consistait souvent en  1 paire de chapon au 1er de l'an, des paires de poulets en été, 2 douzaines d'oeufs à Pâques... et ce fameux sac qui m'a longtemps fait m'interroger !

 

     Le partage du seigle s'effectuait deux tiers pour le colon, un tiers pour le propriétaire.

     En 1899 le coût de la batteuse était de 21.50 francs. Il fallait compter 50 centimes de l'hectolitre. (vérifié avec les comptes des autres métairies).

     Si le seigle était la première production agricole c'est parce qu'il constituait la base de la nourriture de la population par sa transformation en pain. Il ne servait qu'à ça et accaparait les forces des hommes pour le labourd, le battage et la moisson, mais également celle des femmes par les longs travaux de sarclage, la moisson également, mais aussi le soutrage qui consistait à la taille de la bruyère servant à faire le fumier ce qui n'était pas rien : voir en début d'article les 180 m3 de fumier cubés à Lasbordes en 1901 pour un champ d'environ 10 ha.

     Voila ce qu'on peut dire d'après les livresde comptes, sur la principale production agricole de Lasbordes au tournant du XIXème et du XXème siècle.

 

Bibiliographie :
Le paysan de la forêt dans les Landes de Gascogne. Lotte Lucas Beyer ed cairn  sept 2007.
Lexique du Gascon parlé dans le Bazadais réed de 1879 de Bernard Vigneau  cahiers du Bazadais 1982

 

Les Produits de Lasbordes 2
Partager cet article
Repost0
Published by labbe.arue.over-blog.com

Présentation

  • : Le blog de labbe.arue.over-blog.com
  • : Aperçus de la vie dans les petites landes de Roquefort (40120) à travers une généalogie. Les sujets abordés concernent tant l'histoire locale, que l'agriculture, les techniques anciennes, les personnages...
  • Contact

Recherche