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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 09:51

  nos landes 009  Dans les articles précédents, il nous est arrivé d'aborder le quotidien de la vie des Labbé à Arue.  Un de ses aspects, est la présence des loups que l'on retrouve aussi dans le folklore, mais qu'en était-il exactement?

    Le 4 juin 1968 un loup était tiré au Sen à quelques kilomètres d'Arue, et le lendemain une louve était abattue. Cette présence à une période récente du loup dans les environs d'Arue, donna l'idée à Jean Cailluyer de faire des recherches dont le résultat paraîtra dans le bulletin de la Société de Borda en 1968.

   On y apprend que les loups étaient plus nombreux dans les zones agricoles du département. Aussi des battues étaient-elles régulièrement organisées. En 1805 entre Cazères et le Houga, 1819 à Lussagnet, en 1820 dans tout le département... Ces battues mettant à chaque fois les villageois à contribution.

  Le Loup gravure En 1831 le préfet envisage un autre mode d'élimination du loup : l'empoisonnement. Le procédé prévoyait d'utiliser des chiens comme appâts pour éviter aux autres chiens d'être attirés et de s'empoisonner à leur tour! Le résultat ne fût pas à la hauteur de leurs espérances puisqu'en 1841 les primes allouées pour chaque loup abattu étaient augmentées:

40f pour une louve pleine au lieu de.........18

20f pour une louve non pleine...................12

20f pour un loup.........................................15

15f pour un louveteau..................................6

    On pourrait se demander quel était le prix d'un fusil à l'époque pour le comparer à celui de la prime. Or dans l'inventaire après décès de Jean Sabathé de "Pouybaquedis" à Lencouacq, le beau-frère de Pierre Labbé, un fusil à percussion et deux coups s'évaluait à 20f en 1860. On voit que le montant des primes était loin d'être négligeable!

   Le maire devait alors envoyer un certificat sur papier timbré ainsi que les deux oreilles de la bête pour obtenir la prime.

   Ces primes disparaitront en 1867 alors que les battues continueront.

 

Jean-Pierre Lescarret dans son livre " La vie dans la Grande-Lande au temps des bergers et des loups" consacre quelques pages au loup. On y apprend que dès 1755 une battue avait eu lieu à Sabres et en 1796 dans les environs de Salles. En 1820 ce sont des battues menées canton par canton qui seront encouragées par des primes. Le département voisin de la Gironde procèdera lui aussi à plusieurs battues.

 

     Félix Arnaudin aborde le sujet assez longuement ( Tome VIII de ses oeuvres complètes). Les loups suivaient les transhumants venant des Pyrénées quand descendaient des montagnes béarnaises les troupeaux de moutons et de vaches qui venaient hiverner dans nos landes jusque dans les plaines fertiles des bords de la Garonne. Le secteur de Roquefort recevait quant à lui plus particulièrement ceux de la vallée d'Ossau.

 

    Il rapporte plusieurs anecdotes de gens suivis le soir par des loups. Le loup attendait souvent assis au milieu du chemin, comme un chien, puis décrivait un arc de cercle et passait derrière le voyageur, répétant plusieurs fois cette manoeuvre, jusqu'à l'apporche de lieux habités.

    Il nous raconte aussi l'histoire de bergers apercevant des loups, ou les entendant toute la nuit rôder ou hurler au loin et puis parfois aussi la découverte macabre de plusieurs brebis égorgées. 

    Plus étonnants sont les cas rapportés par lui de chevaux entravés par les pattes de devant, qui attaqués par le loup se mettaient dos à une borde et se cabrant pour se défendre, arrivaient à prendre le loup sous la chaine de leurs entraves, étranglant l'attaquant.

    Autre fait, cette histoire qui se racontait à Moustey, celle d'un ménétrier un peu éméché qui s'endort sous un chêne et se réveille couvert de feuilles par un loup qui se sent trop seul pour attaquer sa proie, et qui rappelle d'autres loups. Se réveillant, le ménétrier ne trouve son salut qu'en grimpant dans l'arbre. Commençant à ressentire le froid, il réussit à faire fuir les loups en leur jouant ses plus beaux airs au violon. Descendu chêne, il reprit son chemin sans s'arrêter de jouer!

Félix Arnaudin raconte ensuite l'histoire de la grande battue de 1855. On choisit des communes de Gironde et des Landes, pour former un vaste cercle, dont le centre, situé entre cazaux et Sanguinet, était marqué d'un poteau de pin surmonté d'un faisceau de paille. Les chasseurs et leurs chiens répartis sur une ligne bruyante et tonitruante de plusieurs kilomètres de long,  progressaient vers le centre, poussant devant eux lièvres, renards et quelques loups, dont certains réussirent à forcer la lignes, profitant d'un chemin creux. Enfin de journée un seul loup fût tué! Et des centaines de chasseurs ayant convergé vers ce lieu, beaucoup durent dormir dans des bordes ou à même la bruyère, avant de rejoindre leur foyer souvent éloigné.

    Le loup dont la présence était bien réelle, s'est aussi emparé de l'imaginaire : la tradition et le folklore local regorgent de contes, d'histoires, de mythes et de superstitions. Emmanuel Delbousquet ("En Gascogne" 1929) dans un petit conte, évoque la réalité du loup s'attaquant à une vache menée de nuit par ses propriétaires du côté de Lubbon. Mais la croyance aux loups-garous était très forte et c'est encore félix Arnaudin qui nous rapporte plusieurs contes de loup-garou. C'est souvent un membre de la communauté qui, la nuit, prend l'apparence d'un loup et commet quelques méfaits; les châtiments qu'il reçoit persistent sur son corps d'homme trahissant sa nature de loup-garou.

    Jean Peyreblanques dans son livre "Landes de mémoire" nous apprend qu'un des tous premiers préfet des Landes Jean-Marie Valentin-Duplantier, se moquait des landais dans le Journal des Landes en janvier 1808 : "Les habitants de nos campagnes sont plus ignorants que dans une autre partie de l'empire, aussi croient-ils fortement à l'existence des loup-garous....".

    Et ces mythes rejoignent parfois le domaine de la réalité par le biais des faits-divers: quand la lecture de ce même Journal des Landes nous apprend qu'à Losse, non loin d'Arue, un braconnier avait surpris son voisin qui se rendait régulièrement de nuit dans une maison du quartier. Pour intimider son voisin, le braconnier se mit plusieurs jours de suite à le suivre revouvert d'un drap blanc. Après quelques jours, le galant s'arma d'un fusil et tua le "loup-garou"! (épisode lu dans le Journal des Landes  et rapporté également par le Dr Peyreblanques.)

 

Voilà vu rapidement, ce qu'il en était du loup dans notre contrée à l'heure où celui-ci tente un retour faisant resurgir les vieilles peurset suscitant un débat qui n'est pas près de s'éteindre. 8

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