L'église de Lencouacq
Dans la généalogie des Labbé il y a des personnages plus marquants que d'autres, et l'abbé Labbé est de ceux-là.
II était le cousin germain de Pierre Labbé, le personnage central, objet de ce blog, mais les liens étaient vraisemblablement plus forts puisqu'ils furent élevés ensemble à Loustaounaou et que la mort du père de Pierre laissa son oncle chef du tinel familial.
Jean naquit donc le 19 février 1811 dernier des 7 enfants qu'eurent Michel Labbé et Jeanne Dauba, et c'est tout naturellement qu'on le surnomma "Petitoun"(voir acte de décès). Il passa son enfance à Loustaounaou où il garda le troupeau familial comme son frère ainé ou son cousin Pierre, puis fit ses études qui l'amenèrent à être prêtre.
En 1831 il se présenta pour la conscription et fut réformé au motif qu'il était étudiant ecclésiastique.(voir album abbé Labbé)
Il fut nommé sous-diacre le 2 mars 1833, ordonné prêtre le 22 février 1834 et vicaire à Mont de Marsan la même année, puis curé de Cachen à partir de 1835 et enfin curé de Lencouacq en 1847 et ce jusqu'à sa retraite qu'il prit à Roquefort. En 1882 il reçut le titre honorifique de Chanoine. En 1887 et 1888 il rédige à la demande de l'évêque la monographie sur sa paroisse de Lencouacq. Celle-ci comporte de nombreuses pages très complètes tant sur l'histoire et l'archéologie de Lencouacq, que sur les statistiques ou bien même sur ses prédécesseurs. On voit bien qu'il est très documenté et fait montre de beaucoup d'érudition. Il échangea même semble-t-il une correspondance avec Félix Arnaudin puisque celui-ci lui écrivit le 17 décembre 1893 :
"Mille remerciements pour votre charmante lettre qui m'apporte des renseignements pleins d'intérêt et surtout un témoignage précis et autorisé sur un point où il m'était si nécessaire! Vous m'avez réellement rendu service, et je tiens à vous en exprimer une très vive gratitude!
Croyez je vous prie aux meilleurs sentiments de votre serviteur respectivement dévoué."
Félix Arnaudin
Dans ses notes Félix Arnaudin ajoute :
"L'abbé Labbé, curé de Lencouacq... dont la vie offre cette particularité curieuse qu'il fut pasteur pour de vrai, j'entends berger de brebis, dans la lande même de Lencouacq avant de devenir pasteur d'âmes à Lencouacq toujours."
Il dit aussi que l'abbé Labbé n'a jamais quitté Lencouacq et y est né, mais là Félix Arnaudin si rigoureux d'habitude se trompe.( p225 du tomeV des oeuvres complètes de Félix Arnaudin).
Au décès de son père Michel Labbé en 1834, l'abbé Labbé hérite avec son frère Jean (époux de jeanne Garrabos) de la maison familiale de Loustaounaou qu'il partagera ensuite avec le fils de celui-ci en 1839. Il lui rachètera même des parts de cette maison en 1860. Ce neveu Jean Labbé (encore un !) habitait Lencouacq était docteur vétérinaire ce que confirme l'annuaire administratif, historique et statisitque de 1869 de H. Tartière.
Toujours dans le souci de complèter ce bien, il postulera comme son cousin Pierre le fera pour Jeanbaylet, à l'achat de communaux le 2 mars 1859. Il obtiendra trois lots pour un total de 8ha 20a 70ca au prix de 527,79 francs. Ce qui est amusant c'est que Pierre Labbé pour arrondir sa propriété voisine de Jeanbaylet obtint des lots voisins de ceux de son cousin et qu'il accuse celui-ci de s'en être approprié un, dans une lettre du 2 février 1861 adressée au Préfet. Il parle en ces termes de son cousin sans dire leur lien de parenté réelle :
"Le propriétaire qui s'est indignement emparé de mon lot est un ecclésiastique qui sous l'air modeste prône la morale et enseigne les vérités fondamentales pour la véritable union et le soutien de la société, fait cependant voir par cette donnée qu'il se (dément ?) de ce qu'il préconise."
Qu'en était-il réellement ? Il s'agissait au départ d'une erreur de géomètre. Ce différent a-t-il nuit à leurs relations?
En 1894 au décès de Georges Clavé, petit cousin mort sans descendance, (Petit-fils d'Anne Labbé (1765-1845) sa tante), l'abbé Labbé plus proche parent du côté paternel (Pierre Labbé cousin au même degré étant mort en 1870) hérite de la moitié des biens de celui-ci :
Le total de la succession était évalué à 49850 f.
La part de l'abbé Labbé sera de la moitié de cette somme dont deux métairies à Lugaut : Beaufils de 11ha 20a estimée à 4018,75f et Lagandole de 109ha 41a 57ca estimée à 15276.
Ces détails ont leur importance car à son décès survenu le 26 octobre 1897 à l'âge de 86 ans, rue du Pisque à Roquefort, l'abbé Labbé instituera Jean Labbé (fils de Pierre Labbé notre Aïeul) son légataire universel (il faut croire que l'histoire des communaux était oubliée !)
Il sera enterré au milieu du cimetierre de Lencouacq, séparant les hommes des femmes, et sur sa tombe figure une épitaphe du curé d'Ars.